lundi 11 juin 2018

Notre potager, 4 ans après.



En recherchant des photos de nos variétés de tomate, je suis tombée sur les toutes premières photos de notre potager, l'année de notre emménagement ici. J’ai pu me rendre compte du changement radical d'environnement que ce terrain a pu connaitre. C’est ainsi que j'ai pris conscience de tout le travail effectué et j'ai été rempli d'une grande fierté. J’ai parcouru toutes les photos, et j'ai eu l'idée d'en faire un retour ici, pour pouvoir partager avec vous nos expériences et technique.




Pour la petite histoire.

Nous avons commencé un potager sur pré il y a 4 ans, lorsque nous avons emménagé dans notre maison. Il a fallu du temps, de la patience, pour en arriver à ce que nous avons aujourd'hui: un potager où tout pousse, sans eau, sans engrais, sans désherbage, sans tuteur, sans aucuns produits phytosanitaires. Un potager plaisir car il ne nécessite que peu de travail, du moins maintenant, son installation nous en demandé! Surtout quand on défait ce que l'on fait! Un potager d’abondance, car tout y pousse avec force. Un potager vivant car la vie y est tellement présente que, souvent, beaucoup de ce que je récolte, je ne l'ai ni semé, ni planté, ce sont des "enfants" de ce que j'ai semé les années avant.

Retour sur notre expérience, nos techniques...

Article long, prenez un café, des gâteaux, un plaid et installez-vous confortablement.

Tout d'abord revenons bien en arrière, juste un moment pour comprendre d’où nous venons. Comme je l'ai dit, je viens d'une famille vivant à la campagne, avec une autonomie très présente. Plus tard je suis partie en ville, j'ai donc commencé sur un balcon, de quelques mètres carrés. Donc quelques pots, une véritable jungle en ville. Je n'ai, malheureusement plus de photos de cette époque, dommage!

2 ans plus tard nous partions en lotissement, avec un terrain d'1 are, nous permettant d'installer des potagers en carré, espace minime mais forte productivité!






   
C’était déjà le chaos. Mon mari avait construit une serre avec de la récupération de latte de terrasse et de la nappe épaisse transparente.

Ces potagers ont été donnés à des connaissances lors de notre déménagement.


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Et nous voilà aujourd'hui, ici, avec un jardin de 2 ares.


Il en a fallu du temps et du travail pour tout installer!! Je voulais un potager naturel, le plus en accord possible avec la Nature et nos besoins. J’ai donc testé et expérimenter diverses techniques, que j'ai gardé ou supprimé au fil du temps.

À notre installation, en 2014, il a fallu séparer le potager du reste du jardin, et donc clôturer.  Ensuite détruire les "mauvaises herbes" et aérer un terrain très tassé, argileux, pauvre. Nous avons pris la décision de retourner le terrain avec un motoculteur sur une dizaine de centimètre, le grelinette ne s’enfonçait même pas à cette époque dans ce sol plus roche que terre.



 

J’avais lu le livre "le jardinier maraicher" et je m’étais donc inspire de ces plantes de 70 cm. cela semblait pratique, mais au final, cette technique ne me convenait pas, je ne tuteurais pas mes plants de tomates, qui s'affalaient lamentablement sur le sol, m’empêchant de passer, mais surtout rampant sur les autres planches..... J’ai abandonné cette technique, au profit de 3 planches seulement d'1m80 de large. (J’ai comblé le passage entre deux planches pour n'en créer qu'une seule), voir plus bas.



Dans la continuité j'avais fait 2 expérience, paillé une grande surface avec du BRF, et tester la "culture sous paille" des pommes de terre.



 
Cette parcelle recevra les premiers plants de "Gelb Dettilwein", ces plantes gigantesques et hyper prolifiques de tomate cerise. Le BRF fonctionne très bien, les plants de tomate s'y sont beaucoup plu, et je n'ai déploré aucune maladies, malgré le fait que les plants rampaient sur le sol.




 
Directement sur sol labouré, carton + paille + BRF en couche épaisse pour les 3.les pomme de terre ont été placée sous le carton que j'ai préalablement déchiré.


 Les plants de tomate ont poussé rapidement, me donnant beaucoup d'espoir par la suite. Espoir piétiné et complètement ruiné par la population énorme de mulots sur nos parcelles.... mais c'est une technique que je referais, car j'ai quand même eu l'occasion de récolter quelques kilos de pomme de terre. Aucun d'entre elle n’était verte, d'une facilité déconcertant à ramasser, puisqu’à fleur de sol, nul besoin de butter les plants.

Potager vu d'en bas



De l'autre côté du terrain, j'expérimentais aussi. Avec les buttes d'agroforesterie.
 
Le romarin me semble si petit, au vu de l'arbuste qui comble tout le coin aujourd’hui...
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Ces buttes demandent un travail énorme pour être mise en place, ainsi qu'une quantité astronomique de matière végétale. En effet, tout 'abord il vous faudra trouver du bois (de préférence pourri ou en décomposition) de gros morceaux, type branche charpentière ou tronc, puis des branches plus fine, puis encore plus fine avec des feuilles et enfin du BRF, de la tonte de gazon, des feuilles mortes, de la paille. Pour la mise en pratique: il faut tout d'abord creuser une fosse de 20 cm de profondeur (voir plus) sur toute la longueur et la largeur de votre future butte. Réserver la terre. placer vos morceaux de bois et tronc au fond, en une seule couche, le plus plat possible et le plus serré possible, puis placer les branches de plus en plus fine en finissant avec les rameaux feuillus, toujours les plus plat possible. Combler avec le BRF. Couvrez avec la terre, puis la tonte de gazon les feuilles mortes et enfin la paille. Voila. Votre planche est prête. Je n'en ai fait que deux. Et la deuxième... un peu à l'arrache (la plus petite)

Il y a eu d'autres parcelles recouverte de BRF, non labourée celles-ci, pour préparer le sol. Il n'y a rien de mieux que la patience. Carton + BRF en couche épaisse.





 Les deux années qui suivirent, je changeais beaucoup de chose et je testais encore!


 Nous avions trouvé une personne qui avait emménagé dans une maison dont la grange était remplie de vieux foin poussiéreux, rien de mieux pour un potager. Nous voulions désherber cet endroit, d'une pierre deux coups!

Après passage du foin et un coup de grelinette! Parfait! Même l'ortie a abdiquée (mais est revenue plus tard, la têtue!) cette parcelle a été paillée de BRF en attendant, pendant une année. (ce qui sera, plus tard l'emplacement du poulailler)


 Je créais une nouvelle planche, de façon moustique, c'est à dire à l'arrache. Nous avons vidé tous nos déchets végétaux sur cette planche pendant une année, puis une année de repos. Aujourd’hui c'est la planche des courges.


    

    


La planche de culture sous paille se divisait en 3 et allait abriter les pois, les haricots sur tuteur ficelle et les haricots sur maïs (une défaite.....)


 Les pois derrière, les maïs devant.

 Ce système de tuteurage n'est pas du tout pratique!

 le maïs, futur porteur des haricots (ce qui ne fonctionnera pas, le maïs étant semé bien trop serré.)


Construction d'un composteur, envahis par les courges!!


Installation de quelques légumes et vivaces dans la planche paillée l'année d'avant.


La surface paillé de BRF ou était les tomates cerise a été transformé en planche "lasagne" à ossature bois. Carton + paille + tous les déchets verts possible et inimaginable (faite à l'arrache comme d'habitude)



 Pendant tout ce temps j'ai testé beaucoup de système de tuteurage, aucun ne m'a réellement plu....

Les tuteurs de corde + poteau ou bambou, ne sont pas solide dans le temps, la corde (naturelle) s'abîme très vite, le poids des plantes fait jouer la structure. Ce système est très long à installer et à enlever (non compatible avec des plants de tomates)... je n'ai définitivement pas accroché.



  

Pour les pois cela fonctionne mieux, mais la fragilité de la corde rend ce système peut rustique dans le temps.

L’ossature bois pour soutenir les tomates est très chronophage pour l'installation, beaucoup plus solide, il remplit parfaitement sa fonction. Les pieds de tomate sont soutenus à merveille. Mais il faut avoir des plants de petite taille, à croissance déterminé. Incompatible avec mes pieuvres de 4 mètres de long, ainsi qu'avec les haricots et courges.... plus onéreux aussi, à cause de l'achat du bois.




C’est en regardant des plants de tomate cerise grimper le long du grillage du voisin, que l'idée d'implanter des structures grillagées sur mes planches m'est venue. Peu onéreuse puisque le grillage nous a été donné, mais beaucoup plus si vous devez l'acheter. Plus rustique sur le long terme que la corde ou le bois, solide, compatible avec tous les légumes à soutenir ou grimpant.


Le potager a évolué les deux années suivantes:
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En 2017, remplacement des 6 planches de 70 cm en 3 d'1m80 de large (j'ai simplement comblé avec du compost le passage entre deux planches)





Nous avons voulu faire de la récupération en mixant plusieurs techniques de tuteurage et en se servant des tuyaux PVC en tuteur. C’était une bonne idée, sur le court terme.....

Mais tout s'est arrêté là, car nous étions censés déménager suite à la mutation professionnelle de mon mari. Mais pour raison médicale je n'ai pas pu quitter l’Alsace. Mon mari a dû demander une mutation en urgence qui n'a eu lieu que 11 mois plus tard! Entre temps, avec la mutation, le déménagement et mon état, nous avions abandonné le potager qui est resté en jachère pendant un an. En jachère mais productif quand même, nous avons eu la chance de récolter quelques légumes et plantes qui avaient repoussée seule.

Cette année, j'ai repris le potager, avec bonheur. La présence de mon mari (dorénavant beaucoup plus présent) nous a permis de beaucoup avancer.

 Les poteaux ont été plantés, le grillage installé

Vous pouvez vous rendre compte, même après un an d'abandon, de la pertinence du paillage en ce qui concerne la lutte contre les adventices! Paillage enlevé pour les travaux, très peu de "mauvaises herbes"!


 Les passages ont été remplis de "jus de Grosminet" et de BRF.

La planche à droite avait très peu de paillage j'ai tenté un semis d'engrais vert sous paillage, un échec... nous avons passé la tondeuse dessus!



Deux ossatures bois ont été construites, pour faire un potager aromatique.




Une serre a été installée. Nous voulions une serre en verre, bien plus écologique.... mais bien trop chère pour nous... nous avons fait ce compromis, tout comme pour les bâches que nous utilisons pour protéger la botte de paille que nous achetons chez un agriculteur à 500 mètres de chez nous. Nous la protégeons car celle-ci nous sert au potager mais aussi au poulailler, il faut de la paille propre et sèche pour la litière des poules.

 la planche des courges, certaines comme le potimarron pourront grimper, tandis que pour les plus grosses, elles pourront courir, a l'abri de l'humidité et de la saleté sur la paille.


Nous avons construit pas mal de structures autour de toutes nos parcelles, pour les protéger des poules, qui adorent gratter là où on plante! Le paillage est leur matière préférée!

Un poulailler a été construit pour nos futures poules.




Une amie nous a donné deux poules, une Harco et une petite croisée Marans, aux pattes emplumées qui fait de magnifiques œufs marron foncés. Mais la Harco s'est enfuie et on ne l'a plus jamais revue. Le grillage, il faut le dire n'est pas haut entre nos voisins et nous, à peine 1 mètre.... elle n'est resté que deux jours chez nous..... Tant pis, si elle ne voulait pas rester, que peut-on y faire? Nous l'avons cherché, mais aucune trace....

Nous avons ensuite choisit 2 poules de race Sussex, pour leur rusticité et leur robustesse. Ce sont de magnifiques poules et de très bonne pondeuse, même en hiver.

Elles ont accès à tout le potager (hors clôtures) donc un peu moins de 200 mètres carrés et au compost. Elles nous débarrassent des limaces et escargots, et effraient les mulots (les poules de nos voisins renforcent ce dispositif). Nous les nourrissons avec des céréales, non OGM et diversifiées. Des tournesols, trèfles et autres plantes ont été semées et plantées pour elles. Bref, nous leur offrons de la bonne nourriture, le gite, la sécurité et des soins sans faille et elles nous offrent de bons œufs et une inspection rigoureuse du potager pour en chasser les nuisibles. C’est donnant donnant.


Les structure pour les aromatiques subissent encore les assauts des poules mais cela n'a pas empêché des courgettes de s'installer d'elle même dans un des bacs a aromatiques!


Planche de choux divers (dont un chou perpétuel, nine star perrenial!) et tournesol, parsemé de capucines de toute sortes.
 
Les planches d’agroforesterie sont complètement à plat (je n'ai pas le courage de les refaire), parcelle choisie pour les framboisiers; mûrier et rosa canina.

 La planche biodiversité ou pousse ce qui veut sur le côté gauche du potager.



La planche en "U"


les planches de cultures





Là où il y a de la paille, il n'y a pas de "mauvaise herbe".

Tout ce qui a été semé/planté cette année en terme de légumes, provient de nos propres semis, comme depuis plusieurs années maintenant.

 Nous avons acheté des fruitiers: un poirier, un mirabellier de Nancy (impossible de faire autrement en Alsace ;-)  ), un cerisier.

Ainsi que des scions de prunellier, de cassissier, de néflier, sureaux noirs, pruniers, argousiers. Des plantes anciennes, rustiques qui donnent de petits fruits savoureux.

Cela aurait été trop long et trop hasardeux par semis.

Les nuisibles:

Les nuisibles ont été une plaie, une véritable catastrophe. Certains me diront qu'il n'y a pas de nuisibles, que les limaces, escargots et mulots sont des auxiliaires. Quand il y en a peu et que les prédateurs sont présents, pourquoi pas. Mais lorsque vous semez, plantez, pendant des jours, des mois, que vous attendez avec impatience le moment pour tout mettre en terre, et que dans la  nuit vous n'avez plus rien du tout..... Que lorsque quelques légumes, passés au travers du filet commencent à mûrir et que vous les découvrez le lendemain rongés jusqu'au cœur. Non cela ne fonctionne pas. Laissez faire la Nature oui, avec plaisir, quand cela est possible, quand elle nous donne les armes pour y arriver. En une année entre notre voisin et nous, 300 euros de dégâts à déplorer, entre légumes et arbres fruitiers. Un pommier de 30 ans, magnifique, que mon voisin a patiemment greffé de toute sortes de variétés, un pommier au pommes aux mille couleurs, ne tenant même plus debout, tant ses racines avaient été rongées.... des cerisiers, kiwis, vignes anciennes, installée, détruites... Non cela ne va pas...... je n'ai que quelques photo pour le montrer..... Les animaux ne partagent pas.
Ainsi j'avais déclaré la guerre, sans poison, sans pièges, avec des moyens non létaux et non handicapants, car malgré tout j'aime la Nature, pour faire disparaitre ces animaux de mes parcelles.





Toute une rangée de courgette et courges détruites, la ligne de côte de blette suivra, puis les haricots et même les tomates...

La Nature est venue à notre secours, puisque de l'euphorbe, des sureaux noirs et des sceaux de Salomon se sont installé chez nous, sans qu'on ne demande rien. Le sureau m'a permis de fabriquer un purin, que les mulots détestent et que je versais généreusement dans les nombreuses galeries, tous les 3 jours. Mais dès que j'arrêtais les voilà qui revenaient de plus belle..... Il a fallu deux ans mais l'euphorbe et les sceaux de Salomon aujourd'hui grands les font fuir.

Ce qui a le plus fonctionné c'est le "jus de Grosminet" nom très sympathique pour une mixture infâme mais écologique. La litière de notre chat est une litière végétale, de la sciure, compostable. Nous avons placé de la litière avec tout ce qu’elle contenait de joyeuseté dans une poubelle que nous avons rempli d'eau. Quelques jours plus tard nous versions ce liquide répugnant dans les galeries, sans cesse. Puis j'enterrais  dans les tumulus de grosse quantité de litière qui avait servi à fabriquer le purin. Je faisais de même dans les chemins sous le BRF.
Les mulots sont partis, sans demander leurs restes.... mon voisin utilise toujours ces appareil vibreurs, quand moi je n'ai plus besoin de rien.

Concernant les limaces, le ça a été plus compliqué, j'ai même dû me résoudre à utiliser des granules bleus, une fois, par désespoir, pour éviter le massacre complet de mes plantes. En 1 heure, nous avions ramassé 150 d'entre elle, sur 2 ares seulement..... Les orvets présents n'arrivaient pas en manger autant, et pas de hérissons... le purin, le marc de café, la coquille d’œufs... rien ne fonctionnait. Ce sont 3 poulets qui nous ont sauvés. Aujourd’hui Monique, Géraldine et Louise chasse avec vigueur tout ce qui pourrait ressembler à une limace ou un escargot. Ou tout autre ravageur par la même occasion.

Voilà donc pour la petite histoire. Aujourd’hui nous pouvons nous poser et profiter pleinement de notre potager et de nos récoltes. Je sais quoi faire et comment, quoi utiliser lorsque nous aurons à créer une autre parcelle, plus grande, lorsque nous trouverons notre maison, en haut des montagnes, dans la Nature. En attendant on continus d'expérimenter, d'apprendre et de réapprendre, sans cesse. Faire et défaire c'est toujours travailler!

Un petit tour du potager en vidéo:




1 commentaire:

  1. C'est une bien jolie histoire pleine d'enseignements. Merci !
    Laurence

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